Un peu d’histoire, MJC, Kézako?

Les MJC (Maisons des Jeunes et de la Culture) sont issues d’un long processus qui a vu naître les mouvements d’éducation populaire au 19e siècle, dans le déploiement des mouvements ouvriers.

Plus précisément les MJC sont nées à la Libération. À la fin de la Deuxième guerre mondiale, le pays est divisé et garde en mémoire les blessures de l’Occupation. La priorité est de rebâtir, de recréer du lien et d’insuffler de nouvelles valeurs au pays en proie au désarroi, et ce notamment en visant la jeunesse.

En octobre 1944

André Philip, figure de la Résistance, crée à Lyon la « République des jeunes », une association qui regroupe la plupart des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire de l’époque. Dès sa création, l’État lui apporte une aide efficace. La mission que se fixe « La République des Jeunes » est d’organiser la liberté et la participation des jeunes à la reconstruction de la République en s’appuyant sur des acquis pédagogiques et des concepts d’organisation expérimentés dans la Résistance. Ce mouvement est traversé aussi d’un « Plus jamais ça ! » notamment vis-à-vis de l’embrigadement des jeunes qui a traversé cette guerre.

En mars 1946

La République des jeunes devient la Fédération des Maisons des Jeunes et en janvier 1948 naitra officiellement la Fédération Française des Maisons des Jeunes et de la Culture (FFMJC). A partir de la fin des années 50, les MJC vont connaître un impressionnant développement fortement soutenu par l’État. Il se dit qu’au milieu des années 60 se construisaient deux MJC par semaine ! On passe ainsi de 262 MJC en 1960 à 1200 en 1968.

Les évènements de mai 68

Une période où se confirme une image des MJC volontairement indépendantes de l’État et de tous les pouvoirs, ouvertes à tous les débats, à la libre expression des jeunes et aux mouvements sociaux. Vécues comme « un état dans l’État et comme un contre-pouvoir, les relations entre les MJC et l’État se dégradent. Dans les décennies qui suivent, les évolutions économiques et sociologiques vont transformer petit à petit la réalité et le quotidien des MJC. Elles s’adaptent, tout en restant fidèles à leurs valeurs.

Une vocation, des valeurs

La MJC du plateau est une association d’éducation populaire. Mais qu’est-ce que c’est ? Il n’existe pas une définition instituée de l’éducation populaire car elle est multiple : c’est un mouvement, une manière de penser l’action, un courant de pensée, une façon d’agir…

Nous choisissons celle-ci :
« L’éducation populaire est une démarche qui se met en action à côté de l’école et/ou de l’influence des parents, qui place les personnes au cœur de leur apprentissages. On prend comme point de départ les situations, les expériences, les questionnements de chacun.e et on met en commun tous ces savoirs, sans instaurer de hiérarchie de valeurs entre ces connaissances. C’est partir du principe qu’on a toutes et tous quelque chose à apprendre de l’autre. Cela permet d’encourager le débat, de se questionner, de confronter ses idées, mais toujours en étant égal.e de l’autre. L’idée est de pouvoir s’émanciper à la fois individuellement et collectivement et de favoriser l’amélioration de tout le système qui fait société.»

Histoire de la MJC du Plateau

1965 : Création

Au plus fort du développement des MJC en France, la MJC du Plateau est créée en 1965 dans un contexte croisant situation favorable, volontés politiques et engagement citoyen : un nouveau quartier en construction (HLM, accueil de nouvelles populations) ; une mobilisation d’instituteur.trice.s militant.e.s de l’éducation populaire qui apportent un accès pour tous à une activité sportive : le kayak ; une volonté de l’État et de la Ville de Saint-Brieuc de développer les quartiers.

1970 : Premier directeur

Outre l’accueil du premier directeur (professionnel), la période est marquée par le développement d’actions autour du cinéma et de la photo, l’organisation de voyages. Des adhérent.e.s investi.e.s organisent débats, projections de films, conférences…

Années 80 et 90

Une période de conflits sur le quartier et avec la police. Le contexte est tendu et la Ville de Saint-Brieuc vote des moyens financiers pour la MJC avec la mission d’apaiser le quartier. Ceci engendre la préfiguration d’un Espace Jeunes (recrutement d’un animateur) et l’embauche d’une médiatrice de rue.

Fin des années 90

La MJC se développe et se professionnalise. Elle est à l’initiative de temps forts sur le quartier, comme la Fête du cerf-volant. Se développent des activités hebdomadaires et notamment des activités autour de la danse et des langues.

Début des années 2000

Des travaux d’extension des bâtiments (Ville de Saint-Brieuc) permettent d’avoir des locaux plus adaptés. L’équipe professionnelle continue de se développer de même que la diversification des activités. Ceci ayant pour effet le désengagement des bénévoles et des adhérent.e.s davantage consommateur.trice.s. C’est la période de création de l’espace multimédia et de la webTV. Le désengagement progressif de l’État, repris par les collectivités territoriales engendre une perte de moyens et la transformation du fonctionnement.

De 2005 à 2015

L’association a traversé une période troublée de dérégulations, dérives, et des enjeux de pouvoirs, avec une perte de repères sur les valeurs et la vocation. L’association brise la convention qui la lie à la fédération régionale FRMJC (rupture de la mise à disposition du poste de direction et du rôle politique de la fédération régionale) sans remise en cause de l’affiliation. Elle aboutit à une situation conflictuelle salarié.e.s / CA, avec une remise à plat du fonctionnement des instances. Malgré cette situation de crise, les salarié.e.s et bénévoles poursuivent l’action en lien avec la vocation initiale : développement de projets européens et création du collectif “C’est pas parce qu’on est jeunes qu’on n’a rien à dire”. Mise en place, par exemple, de la mission “réussite éducative : action de proximité dans l’accompagnement des jeunes des quartier”.

2015 à 2016

La Ville de Saint-Brieuc commande un audit de l’association auprès d’un cabinet extérieur. Conclusion : “Un bateau ivre à la dérive”. En septembre 2016, l’assemblée générale vote le renouvellement du conseil d’administration. Suit le licenciement du directeur et le reconventionnement avec la FRMJC.

2017 À 2020

La nouvelle gouvernance découvre un cumul d’impasses financières qui conduisent notamment à des licenciements économiques. Pour les salarié.e.s, le contexte de licenciement se cumule avec l’instabilité et les tensions des dernières années. Un mal-être qui provoque des départs et des arrêts de travail.

Depuis 2017, il y a eu de nombreux départs de salarié.e.s (pas tous remplacés) par démission, licenciement, rupture conventionnelle, fin de CDD. Après cette période difficile, tous, administrateur.trice.s et salarié.e.s, souhaitent repartir ensemble sur de bonnes bases. L’écriture d’un projet associatif dans le cadre d’un DLA (dispositif local d’accompagnement) va dans ce sens.